Décrocher un financement bancaire

Objectifs Objectifs

Trouver tout ou une partie de votre financement auprès de la banque.

Quand? Quand?

Au démarrage, ou pour doper la croissance.

Avec qui? Avec qui?

Seul ou avec votre expert-comptable.

L'essentiel

La banque est un passage quasi obligé pour démarrer son entreprise. C’est un partenaire dont vous aurez besoin, tôt ou tard. C’est aussi un rendez-vous souvent redouté. Mieux vaut donc se présenter avec un projet abouti, un dossier ou un business plan complet, dont vous maîtrisez bien les aspects financiers. 

Si le capital sert à lancer l'entreprise et à assurer le long terme, emprunter à la banque permet de couvrir la trésorerie à court terme ou financer des investissements (achat de véhicule, matériel, machine, ...). 

1. Le financement bancaire

Le rôle de la Banque

 

La banque est un intermédiaire faisant circuler l'argent. On peut le considérer comme un "fournisseur financier". Son rôle est de collecter l'argent de déposants (particuliers, entreprises, institutions) et de le prêter à d’autres particuliers ou entreprises, avec des conditions de prix (les intérêts) et de durée (les termes). 

 

A la différence des investisseurs en capital, elle ne peut pas "risquer" les crédits qu'elle consent, puisque l'argent qu'elle met à disposition n'est pas le sien. D'où sa prudence naturelle, légitime et professionnelle.

 

"Crédit = Confiance" : la maxime du banquier

 

Si une banque propose des crédits de 100 à 20 entreprises avec un intérêt de 5, il suffit qu'une de ces entreprises ne sache pas rembourser pour que la banque soit en déficit (elle perd 100 et gagne 19x5 = 95, soit une perte de 5 sans compter le travail réalisé, les frais généraux, ...). Cet exemple simple illustre bien la nécessaire prudence du banquier. 

 

Pour construire la confiance, communiquez de manière complète et fiable

 

Présentez-vous, expliquez votre projet et les particularités de votre métier, afin que votre banquier comprenne vos réalités, vos besoins, vos potentialités. Une fois l'affaire lancée, continuez à l'informer régulièrement des évolutions, résultats, succès, projets, ... et aussi de vos difficultés, de sorte qu'au moment d'une éventuelle demande de crédit, une bonne partie du chemin sera déjà accomplie. 

 

Lorsque votre activité aura pris une certaine envergure, faites appel à deux banques, afin de faire jouer la concurrence en négociant les intérêts, les délais, les garanties. Sachez que le banquier va vous analyser en termes de potentiel de revenus financiers selon des grilles très précises (autant de chiffre d'affaires, autant de mouvements financiers en sortie et en entrée, autant de cartes de paiement, d'emprunts de tel type, ...). 

 

Si vous faites appel au crédit bancaire, ce doit être pour faire face à des besoins quotidiens, très peu risqués (de la trésorerie à court terme, un investissement tel qu'une voiture ou une machine, ...). Dès qu'il y aura risque important, vous devrez mobiliser des ressources en capital. Si vous avez saisi cela et si vous le faites bien comprendre par vos échanges réguliers, vous pourrez évoluer avec vos banquiers à vos côtés.

2. Le dossier crédit

Pour obtenir un prêt, vous devrez remplir un dossier crédit auprès de votre banquier. 

Votre interlocuteur direct sera votre gestionnaire ou directeur d'agence. Il complètera votre dossier et le défendra ensuite devant un comité de crédit. L'enjeu est donc de comprendre ce dont il a besoin et de lui fournir suffisamment d'éléments objectifs pour rentrer dans les critères et convaincre la banque. 

 

Pour réussir cette étape souvent capitale, voici 12 conseils recueillis auprès de professionnels comptables et de banquiers :

 

  • La banque est organisée selon des règles strictes (autant de prêts de tel type dans tel secteur, garantie exigée à partir de tel montant, pourcentage maximal d'endettement de x, ...). Il est donc très important de parler au banquier en termes financiers objectifs, concrets, solides. Traduisez votre projet en langage financier : budgets, financements, marges, return, sources de financement, ... Privilégiez les arguments concrets, les simulations chiffrées, le réalisme et la prudence (hypothèses pessimistes et optimistes par exemple). 

 

  • Demandez à votre comptable de vous accompagner lors du rendez-vous. Entre financiers ils se comprendront tandis que vous expliquerez votre métier et votre valeur ajoutée.

 

  • Expliquez qui vous êtes, votre parcours, vos motivations. Insistez sur vos forces et vos particularités.

 

  • Présentez un apport personnel, sous forme de "fonds propres" ou de garantie, car le banquier ne va pas supporter seul le financement et il doit vous sentir fortement engagé dans le projet. Montrez à la fois votre esprit d'entreprise mais aussi votre prudence de gestion.

 

  • Au niveau des chiffres, soyez précis et rentrez dans les détails. Soyez attentif à la forme : clarté, simplicité, illustrations, ...

 

  • Ne vous y prenez pas à la dernière minute car cela va vous déforcer et la procédure interne de suivi de dossier de la banque dure un certain temps.

 

  • Sollicitez les conseils de votre interlocuteur : est-ce qu'il croit à votre projet ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui pourrait l'améliorer ? La banque peut-elle vous apporter d'autres choses (réseautage, ...) ?

 

  • Essayez d'obtenir une réponse claire et en cas de refus les raisons précises de manière à améliorer votre dossier.

 

  • Discutez la proposition qui vous est faite, négociez. Si cela vous parait compliqué, demandez des éclaircissements avant de signer.

 

  • Essayez de limiter les garanties et cautions qui vous sont demandées.

 

  • Vérifiez si des aides publiques (subvention, garantie, …) peuvent s'appliquer à votre dossier, soit directement à votre banque, soit aux organismes publics d'aide à la création.

 

  • Une fois votre crédit obtenu, continuez à informer votre banquier, invitez-le lors des moments clés (inauguration, lancement de produit, ...), demandez-lui conseil, ...

3. Les montants...

 

Les montants que les banquiers accepteront de vous prêter dépendront :

 

  • de vos "fonds propres" (les fonds qui vous sont propres et qui restent de manière permanente dans l'entreprise, soit le capital + les résultats accumulés durant les années antérieures, ce qu’on appelle aussi «l’auto-financement»), 

 

  • de votre crédibilité (formation, expérience, ...), 

 

  • des garanties que vous pouvez avancer : garantie hypothécaire sur un immeuble, titres ou comptes bloqués, mise en gage du fonds de commerce (la marque, le bail, la clientèle), cautionnement apporté par un tiers, ... 

 

  • de la rentabilité prévisible de votre entreprise, 

 

  • des risques liés à vos projets et à votre secteur d'activité. 

 

A titre indicatif, on estime en général qu'une PME peut emprunter la moitié de ses besoins. Au fur et à mesure de la croissance, ce taux d'endettement peut évoluer. 

 

Une règle classique à garder en tête est que la durée de l'emprunt doit correspondre à la durée d'utilisation du bien ou de l'investissement acquis. Pour construire un entrepôt qui perdurera des dizaines d'années, on empruntera à long terme, sous forme d'un emprunt hypothécaire. Pour acheter un camion, on trouvera un emprunt de quelques années, tandis que pour financer le prochain container livré dans deux mois, on cherchera un financement à court terme.

 

4. Les types de crédit

 

Ils sont nombreux et variés. Les principaux crédits utilisés en création sont :

 

  • le crédit d’investissement (pour financer des investissements d’assez longue durée, de 5 à 20 ans), 

 

  • le prêt à tempérament (pour des investissements à durée de vie moyenne, de 1 à 5 ans), 

 

  • la location-financement ou leasing (comme la location d’une voiture par exemple sur une durée et à un coût fixés, avec possibilité d’achat au terme de l’opération), 

 

  • le crédit de caisse (autorisation de descendre en négatif sur votre compte jusqu’à une certaine limite pour faire face à des besoins temporaires ; attention le coût d’utilisation est élevé),

 

  • le crédit pont ou straight-loan (pour financer un besoin à court terme sur quelques mois). 

 

La prudence incite à limiter l’endettement et donc la dépendance et la vulnérabilité de l’entreprise, en particulier quand elle est petite. Néanmoins, s’endetter peut-être une bonne chose d’un point de vue financier en utilisant un effet de levier qui permet de développer la croissance : emprunter vous permet d’accélérer votre croissance et d’améliorer votre rentabilité dans le cas où le coût de votre emprunt est inférieur à votre niveau de rentabilité. De plus, cela vous permet de garder vos ressources personnelles disponibles. Bien sûr, en cas de trésorerie positive, ne laissez pas dormir cet argent et voyez avec votre banquier comment le placer au mieux en fonction de vos besoins prévisionnels. 

 

Par ailleurs, des organismes peuvent vous aider à monter votre dossier de financement, le cas échéant en apportant un prêt complémentaire ou une garantie sécurisant les montants empruntés à la banque. 

 

Avis de l'expert

La crise a fait naître de nouveaux comportements chez les banquiers. Ils sont plus attachés à la cohérence homme-projet car ils savent que les documents prévisionnels sont aléatoires. Le banquier n’est là ni pour vous rendre service ni pour vous enfoncer. C’est avant tout un partenaire professionnel qui a lui aussi besoin de trouver de nouveaux clients.

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