Céder son activité : les clés d'une transmission réussie

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Découvrir comment céder son activité

Quand? Quand?

Lors du développement du souhait de transmettre son activité

Avec qui? Avec qui?

En interne et avec des experts externes

L'essentiel

On ne pense pas toujours à transmettre une entreprise. L’idée préconçue est que si l’on cède une boîte, c’est que celle-ci va nécessairement mal. Au contraire, la transmission peut s’avérer être un vrai levier de croissance de votre entreprise et une source de valorisation de votre patrimoine ainsi qu'une vraie alternative à la création « from scratch » pour les activités qui ont des marchés / propositions de valeur déjà existantes.

Avant, on entreprenait pour une longue durée. La génération actuelle bouge beaucoup et a tendance à vouloir multiplier le lancement de nouveaux projets. En conséquence, il existe de plus en plus de projets à taille humaine à céder. Cela offre des possibilités de reprise : plutôt que de redémarrer de zéro, pourquoi ne pas reprendre une histoire et donner une seconde vie à un projet ou à le développer à sa manière ?

Pour assurer la continuité de l’entreprise et réussir la transmission de celle-ci, il est important de suivre plusieurs étapes-clés.

1. Les étapes clés de la transmission d’entreprise

Transmettre son entreprise n’est pas anodin : pensez-y le plus en amont possible et transmettez votre entreprise étape par étape. Vous optimiserez alors vos chances de trouver « le repreneur « idéal ».


La préparation

La durée de cette phase dépend des motivations liées à la cession, de la taille de l'activité, de la complexité de l'activité à transmettre, de la formule de cession choisie ou encore de la présence d'une opportunité de cession liée à un repreneur pro-actif. Cette phase peut donc aller très vite, tout comme elle peut durer jusqu’à 5 ans. Dans tous les cas, il est préférable se prendre son temps et d’anticiper lorsque cela est possible.

« Quand, comment et à qui vais-je transmettre mon entreprise » sont les questions principales qu’il est nécessaire de se poser au sein de cette première phase.

Il y a tout d’abord une préparation psychologique du dirigeant qui souhaite transmettre. En effet, cette décision est rarement simple à prendre. Le cédant y a souvent consacré beaucoup d’énergie et de temps et doit se préparer à passer le relais. C’est aussi une étape nécessaire pour réfléchir à l’avenir, à ce qui se passera après la transmission.
Cette préparation psychologique est essentielle pour fluidifier l’acte de transmission et faciliter les futures négociations avec les candidats potentiels.

Jean-Olivier Collinet « Il s’agit de son travail, son projet, parfois de toute une vie, d’où l’importance de s’écouter et de prendre le temps nécessaire pour faire le « deuil » de son projet ».

La préparation passe également par « une mise au propre » des comptes de l’entreprise. Cela nécessite souvent d’adapter le bilan comptable pour valoriser les actifs de l’entreprise de la meilleure façon possible. Il s’agit ici de vérifier que tout est conforme, de corriger ses faiblesses et de valoriser ses atouts afin de rendre l’entreprise la plus intéressante possible pour un repreneur.
Nb : il ne s’agit bien évidemment pas de masquer ce qui ne va pas, mais plutôt d’apporter les adaptations nécessaires. Cette phase de diagnostic peut aussi s’axer sur des aspects juridiques, de sécurité, d’humain, de moyens ou encore sur l’activité en tant que telle.


Ensuite, une étape cruciale est la valorisation de l’entreprise. L’objectif est ici d’établir une fourchette de prix correspondant à la valeur de l’entreprise. Cela nécessite d’utiliser une méthode de valorisation adaptée à la structure de l’entreprise. Il est important de garder en tête que le montant fixé servira simplement de base à la négociation entre le cédant et le repreneur.
Le prix final sera la résultante d’une confrontation entre l’offre et la demande et d’une négociation entre les deux parties. Il faut donc rester réaliste et ne pas vouloir imposer un prix trop important.

Aussi, une des étapes de préparation consiste à rédiger « le plan de transmission ». Le cédant doit y clarifier ses intentions et le périmètre de la cession (cession partielle ou totale des activités ? quelles modalités de paiement ? etc.). Le but est d’exposer le « montage final » de la transmission, avec ses répercussions financières, fiscales et juridiques pour l’entreprise et pour le cédant.

Enfin, il faut rassembler toutes les informations dont pourrait avoir besoin le potentiel repreneur et donc constituer un dossier de présentation de l’entreprise. Ce « Memorandum d’information » vise à regrouper toutes les informations issues des précédentes étapes : diagnostic, choix du mode de cession, évaluation de l’entreprise etc. Il contient généralement : une présentation des dirigeants, de son activité, de sa clientèle, de ses moyens de production, de son organisation et de ses principaux chiffres.


La recherche du repreneur

Cette phase peut durer entre 6 mois et 2 ans. Cependant, la temporalité est ici aussi très variable. Cela peut aller beaucoup plus vite s’il y a une identification rapide des repreneurs dans l’écosystème de l’activité, par exemple (collaborateurs, concurrents qui font de l’œil, etc.)

Le repreneur peut être un membre de la famille, un proche, un concurrent ou encore un membre du personnel de l’entreprise. En effet, les salariés peuvent parfois jouer un rôle stratégique dans la reprise d’une entreprise : ils sont bien placés pour pérenniser et reprendre l’activité.

Il existe également des plateformes de mise en relation de repreneurs et de cédants. En voici quelques exemples :

  • « Affaires à suivre » est une plateforme qui est le fruit d’une collaboration entre le 1819 (Bruxelles) et la Région Wallonne. On y retrouve plutôt de petites entreprises (avec un CA inférieur à 500k).
  • A Bruxelles et en Flandre il existe la plateforme www.overnamemarkt.be ;/ plateformedetransmission.be.
  • En Wallonie, la Sowalfin Transmission (organisme Wallon) organise également une plateforme de mise en relation pour les plus grandes entreprises (dont le C.A. est supérieur à 500k).
Laurent Renerken« L’approche y est légèrement différente en raison du souci de la confidentialité des cédants. Une rencontre des candidats est ici organisée en amont avec un matching spécifique. »

Dans cette étape de recherche, la confidentialité est un débat qui mérite réflexion. Il est coutume de dire que le cédant se doit d’être discret pour ne pas perturber les négociations ultérieures et pour ne pas effrayer les salariés. Cependant, un changement de mentalité serait bénéfique pour faciliter la rencontre entre cédant et repreneur quand ce dernier ne provient pas directement de l'écosystème de l'activité à transmettre. Il est donc intéressant de mesurer si c'est indispensable de conserver une confidentialité ou s’il est au contraire bénéfique d’en parler trouver le bon repreneur.
 
Là encore, la présence d’intermédiaires spécialisés peut s’avérer utile pour prendre la bonne décision et apporter un soutien dans la recherche du repreneur idéal.

 

La phase de transmission

Cette étape dure généralement entre 1 et 6 mois. Cela commence lorsqu’un repreneur potentiel souhaite débuter les négociations avec le cédant dans le but de racheter l’entreprise.Pour le cédant, l’enjeu est double : Tout d’abord, s’assurer que le repreneur est le candidat idéal pour pérenniser son entreprise. Ensuite, valoriser au mieux son entreprise.

L’acheteur contrôle alors que les informations qu’il a en sa possession sont correctes et il réalise une analyse approfondie de l’entreprise à remettre afin de mettre le doigt sur de potentiels éléments problématiques (conflits avec certains fournisseurs, etc.). Ce travail de vérification est appelé « due diligence ». Selon la taille, la complexité, les montants de vente, le nombre de salariés… cette étape est plus ou moins poussées. Il est alors préférable de s'entourer d'experts externes pour la réaliser.

La phase de transmission se clôture par une convention de cession entre les 2 parties. La convention doit être « en béton » et ne peut se réduire à une « convention-type », souvent insuffisante. C’est pourquoi la présence de conseillers juridiques professionnels tel qu’un notaire et/ou un avocat spécialisé est indispensable.

 

L’après-cession

Cette phase post-transmission dure souvent 6 mois. En effet, dans certains cas, dans le but de faciliter la transmission, le cédant peut s’engager contractuellement à rester actif dans l’entreprise pendant une durée de quelques mois. Il n’y a pas de « temps maximum », le cédant et le repreneur se mettent d'accord. Cela peut être plus long si l'activité est fortement dépendante du gérant et donc que les choses doivent se passer en douceur pour la transmission de compétences/savoir-faire ; les clients ou autres. Tout est possible. D'où l'importance d'anticiper pour le gérant si l'activité dépend beaucoup de lui, ou non.


Pour le repreneur, cela permet d’avoir un soutien supplémentaire. C’est aussi l’opportunité de présenter la nouvelle direction aux fournisseurs et aux clients. Pour le cédant, cela offre la possibilité de laisser son entreprise de manière progressive.

Cette phase de transition est très importante dans l’intérêt de l’entreprise et des salariés.

Jean-Olivier Collinet « Une fois le repreneur trouvé et la valeur convenue, reste à transmettre concrètement l’activité. Et ici on parle de transmission du savoir-faire, de l’histoire, des relations avec les parties prenantes clés, des tuyaux, trucs et astuces. Ce sont ces éléments qui feront toute la différence ».

Nb : cette période de transition ne doit pas s’éterniser. En effet, celle-ci peut s’avérer compliquée dans la mise en œuvre. Il faudra éviter d’avoir deux décideurs (l’ancien et le nouveau), au risque de se marcher sur les pieds et de perturber l’équipe et l’activité.

 

Session au Salon 6 Jours Pour liée à la transmission/reprise d'entreprise en présence de Jean-Olivier Collinet, Véronique Flammang et Laurent Renerken.Intervention de Jean-Olivier Collinet, Véronique Flammang & Laurent Renerken lors de la session 6 Jours Pour "Reprise d'entreprise, les facteurs clés de succès".

 

2. L’importance de l’accompagnement

Dans un processus de cession, la présence de professionnels est souvent nécessaire pour baliser le terrain et offrir « un terrain neutre ». L’expérience montre que la réussite d’une reprise - transmission est assez bien liée à la qualité de l’accompagnement.

Voici quelques structures d’accompagnement qui pourront vous aider :

  • Reload Yourself est une structure bruxelloise qui a pour but d’incuber et de faciliter la transmission. L’accompagnement proposé s’adresse à toutes celles et ceux qui souhaitent transmettre, reprendre ou relancer une activité d’indépendant ou une entreprise. Reload Yourself propose un accompagnement sur mesure. Cédant comme repreneur peuvent y trouver toute l’expertise nécessaire et accessible dans un lieu unique, neutre et de confidentialité pour préparer la transmission et la reprise de l’activité.

    Retrouvez toutes les infos sur https://reloadyourself.be/

  • Le 1819 est le service d’information pour tous les entrepreneurs de la Région Bruxelles-Capitale. Celui-ci couvre donc aussi la partie « transmission-reprise ». Le 1819 sera en mesure de vous guider à travers les étapes clés d’une transmission/reprise et surtout vous redirigera vers les acteurs qui pourront vous aider en fonction de vos besoins.

    Retrouvez toutes les infos sur https://1819.brussels/


  • La Sowalfin transmission est un organisme Wallon qui propose un accompagnement complet pour la du processus de reprise/transmission. On y retrouve une boîte à outils avec l’ensemble des informations nécessaires, la possibilité de participer à des sessions de groupe ou encore de se faire accompagner individuellement par des conseillers et experts.

    Retrouvez toutes les infos sur https://www.sowalfin.be/transmission

 

3. Pour conclure

La transmission d’entreprise est une incroyable opportunité de passer le flambeau et de valoriser votre patrimoine. Transmettre, c’est assurer la continuité de votre entreprise mais c’est aussi sauver et pérenniser des emplois ! Alors songez-y, préparez-vous, faîtes-vous accompagner et maximisez vos chances de réussir votre transmission d’activité.

Vous désirez reprendre une activité et assurer la réussite de votre reprise ? Consultez notre fiche "La reprise d'entreprise comme alternative à la création".

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